Alors que le FC Nantes va mettre un terme à 44 années de présence dans l’élite, « But! Nantes » a donné la parole aux présidents des clubs de L2 que les Canaris devraient rencontrer l’an prochain. Michel Moretti (Ajaccio) C’est un grand club, presque une légende du foot français. Mais depuis trois-quatre ans, Nantes n’est plus Nantes. Cette année, les observateurs pensaient qu’on faisait partie des favoris pour la montée et que Metz connaîtrait des difficultés. Finalement, ils ont survolé le championnat et nous, on n’a jamais été dans le coup. Nantes a des bases solides, de grosses infrastructures et un public pour remonter rapidement.
Charles Orlanducci (Bastia) Vous savez, quand tout part de travers, c’est difficile de redresser la situation. En général, les clubs qui descendent comme Nantes remontent dans les deux années qui suivent. Encore faut-il qu’il y ait une bonne dynamique qui se crée. Il faut mettre le bleu de chauffe. La Ligue 2, c’est spécial. Quand vous vous appelez Nantes et que vous êtes attendu partout, ça rend la tâche plus difficile.
Michel Guyot (Brest) On s’y attendait. Depuis quelques années, ils se trompent : ils n’ont pas voulu continuer le travail initié par Arribas. Ils ont préféré changer d’orientation. Ils en payent le prix aujourd’hui. Je ne sais pas si le FC Nantes est assez solide pour réussir un aller-retour. L’engagement et la proximité sont essentiels pour un actionnaire. Quand le patron n’est pas dans la maison et que ça dérape, en général, ça cafouille.
Patrick Trotignon (Châteauroux) La relégation, ça n’arrive pas qu’aux autres. Le FCNA était l’un des rares clubs à ne pas y être allé. D’un côté, on pense aux Nantais : c’est un drame pour eux. De l’autre, on raisonne égoïstement en se disant que ça va valoriser la L2. Nantes, c’est un poids lourd. Ils s’en sortiront. Mais pour cela, il faudra faire comme les autres. Ça se jouera sur le terrain, pas à la Playstation ou au Lotofoot.
Armand Lopes (Créteil) Nantes représente une école de foot, un jeu à la brésilienne. C’est dommage. J’aime beaucoup ce club. Leur descente fait partie des aléas du football. Au point de vue médiatique, Nantes est un nom. On a eu Saint-Etienne il y a deux saisons, Strasbourg et Metz cette année, c’est vrai que ça motive et fait venir du public. Metz a réussi la remontée immédiate mais peu l’ont fait. Saint-Etienne avait dû patienter trois ans.
Bernard Gnecchi (Dijon) On aurait aussi aimé retrouver le PSG mais malheureusement, ils vont se maintenir (rires). Blague à part, je suis surpris de ce qui arrive au FC Nantes. C’est toujours regrettable de voir un grand club en difficulté. Pour nous, ça fera une affiche. C’est comme Marseille en L1. Mais ça réduit aussi les possibilités de monter : l’année prochaine, il n’y aura que deux places en jeu. La première, elle est pour Nantes.
Michel Rablat (directeur sportif, Grenoble) Je suis très désagréablement surpris. Nantes représente ma jeunesse au niveau de la qualité de jeu. C’est un peu mon club de cœur. Pour la Ligue 2, c’est un plus. Le spectacle et l’affluence dans les stades s’en ressentiront. Metz est remonté de suite cette année, pourquoi pas Nantes ? Le recrutement sera primordial. On ne remonte pas avec des jeunes et des joueurs qui ne sont pas là pour se faire mal.
Gilles Perrin (directeur général, Gueugnon) Nous sommes le plus ancien club de L2 et nous n’avons jamais rencontré Nantes dans ce championnat. On a joué dernièrement contre Caen devant 18 000 personnes. C’est très bien d’affronter des clubs de l’envergure de Nantes. Avec un budget de 25 millions, ils ont beaucoup d’arguments pour monter. Mais avec 15 millions d’euros, Guingamp a eu des difficultés pour se maintenir. Le budget ne fait pas tout.
Noël Le Graët (Guingamp) Le FC Nantes, c’est pour moi un monument du jeu. La gestion, ça va, ça vient. Mais ce qui fait la valeur de Nantes, c’est son jeu collectif de très haut niveau et il s’est un peu effrité. C’était son patrimoine. Avant, quand je regardais le FCNA à la télé, je ne me levais pas de mon fauteuil. On n’a pas su garder ce qui faisait la force sportive de ce club. Maintenant, ils vont devoir s’habituer très vite à la L2.
Jean-Pierre Louvel (Le Havre)
Ça m’étonne et ça me désole de voir Nantes descendre. Le club a une base, une formation, une réputation. On ne peut pas être satisfait. Cela prouve que personne ne doit être hautain envers d’autres clubs. Bien sûr qu’au niveau du prestige, leur présence donnera un relief supplémentaire à la L2. Mais encore une fois, je préfère voir Nantes en L1. Ils ont les ressources pour remonter très vite.
Bernard Laydis (Libourne Saint-Seurin) Après 44 années en L1, ça va faire un trou. C’est comme ça, le sport a parlé. Je ne suis pas Madame Soleil mais ce sera sans doute compliqué pour eux en L2. Il faut voir comment ils vont gérer le traumatisme de la descente. Mais il y a tout de même une grande différence entre les deux niveaux. Metz et vraisemblablement Strasbourg remontent, Ajaccio n’a pas été vraiment inquiété. Il n’y a pas de raison.
Jacques Prévost (Niort) C’est une catastrophe pour le foot français. Le FC Nantes ne méritait pas ça. Je pense qu’ils auront beaucoup de difficultés : la L2, ce n’est pas simple. C’est plus âpre, plus physique. Mais ils disposent d’un budget conséquent qui devrait leur donner les moyens de bâtir une équipe performante et d’investir dans leur centre de formation. Ils pourront s’appuyer là-dessus pour rebondir.
Jean-Pierre Caillot (Reims) Nous comprenons la tristesse des Nantais car ça nous rappelle ce que Reims a vécu des années en arrière. Comme Reims, le FC Nantes est un club mythique. Ce sont deux historiques qui vont donc se retrouver. Je crois qu’ils ont les clés. Cette relégation peut leur servir d’électrochoc : ça leur fera peut-être prendre des décisions qu’ils n’ont pas voulu prendre jusqu’ici.